Extraits desActes du Colloque
Introduction de Jean Font
Président Odyssée Citoyennes
Sens des débats
Ce « Premier colloque Handicap et Citoyenneté” ne se veut nullement le théâtre d’une quelconque configuration classique mettant en scène d’une part des experts et de l’autre des consommateurs. Il est un espace interstitiel, essentiellement voué à l’interactivité permanente inhérente à tout débat digne de ce nom. Ce débat, ainsi que bien d’autres, devra nous conduire à l’élaboration commune de perspectives de recherches que nous nous devons d’entreprendre ici et ailleurs, au-delà des faux-semblants théoriques et conceptuels, des évidences prétendument établies et des vérités trop rapidement édictées comme étant avérées.Il consacre la mise en œuvre, en actes et en paroles, des liens vivants qui engendrent toute dynamique participative inhérente à toute entreprise citoyenne, à l’image même de la problématique qui le sous-tend, et qui désormais, nous en sommes sûrs, participera à (et de) cette phase de déconstruction structurante qui nous permettra d’agir pleinement la citoyenneté de tous et de chacun, ici et ailleurs, personnes en situation de handicap ou pas, citoyens en tout cas.
Les deux tables rondes qui en constituent l’arbre de vie susciteront le débat commun qu’illustreront tour à tour l’ensemble des intervenants, acteurs parmi les acteurs. Elles interrogeront essentiellement, et notamment, la question : quelle forme de solidarité pour quel type de participation ? Ainsi que la question de la qualité de la procédure et de l’organisation institutionnelle qui se voudrait synonyme de qualité de vie pour la personne. Et tout autant la problématique du choix lié au projet personnel de vie.
Ces tables rondes mettront en jeu notamment l’organisation sociale au service de la personne et les représentations pour tout un chacun ; les relations normalité/citoyenneté/participation ; la coproduction personne/institution en lien avec la qualité de vie.Elles nous conduiront à nous interroger dans d’autres logiques qu’il s’agira collectivement de penser et d’agir.
Structuration des Débats
Ce « Premier Colloque Handicap et Citoyenneté ” se déroulera de la façon suivante : nous nous livrerons en premier lieu, grâce à l’intervention de M. Serge Ebersold, à un éclairage général de la problématique qu’il s’agira ensuite de peaufiner, d’éclairer à notre tour et de décliner en autant d’axes et de pistes de recherche qu’il nous sera possible d’envisager et de concevoir.Parmi les éléments de cette dynamique, les intervenants des deux tables rondes, dans les champs qu’ils auront eux-mêmes définis, à partir et dans le cadre des thèmes suggérés, favoriseront l’interactivité permanente que chacun des participants parmi le public aura toute possibilité, et à tout moment, de vivifier.
Tour à tour, les intervenants de l’une ou l’autre des deux tables rondes feront partie intégrante de cette même interactivité et en seront les acteurs parmi les acteurs du débat, au-delà de leur propre champ d’intervention.
Débat donc :
• entre les intervenants d’une même table ronde ;
• entre ceux-ci et le public dont feront partie, tour à tour, ces mêmes intervenants ;
• entre les intervenants, le public et celles et ceux qui contribueront également à
l’interactivité des débats via le site internet conçu à cet effet qui permet à toute personne de participer à notre colloque, en direct, tant par le son que par l’image, et ainsi de contribuer à la dynamique des débats. Il convient de préciser que, pour la toute première fois, l’intégralité du colloque sera transmise en direct à l’ensemble des internautes par visioconférence dont la réalisation est assurée par M. Bachir Kerroumi.
Place au débat donc, et les moyens techniques autant que la configuration spatiale et architecturale des lieux se prêtent, on ne peut mieux, à l’affaire. Chacun des acteurs ayant à sa disposition un micro individuel permettant totalement cette interactivité, laquelle, il va sans dire, ne saurait exclure le respect de la parole de l’autre dans l’exercice de la sienne propre.Pour faciliter davantage la clarté des débats et tout autant la dynamique collective de leur cohérence, il a été remis à chacun des participants, trois fiches – une pour chaque table ronde, plus une concernant les interventions de Fredric Schroeder – sur lesquelles celles et ceux qui le souhaitent pourront poser les questions qu’ils désirent voir être débattues en lien avec les thèmes et les objectifs des deux tables rondes, et qu’ils auront tout loisir d’expliciter plus avant lors des débats.
Par ailleurs, afin que là où nous en sommes de la conceptualisation de nos incertitudes les mots revêtent bien le sens qu’il est convenu à ce jour de leur attribuer, Serge Ebersold et Marc Maudinet exerceront respectivement tout au long des débats, ce qu’il convient de nommer un rôle de “ veilleur conceptuel ”, car tout processus d’évolution, voire de révolution, ne vaut qu’à partir de l’analyse précise de l’existant dont il prend et fait sens.
Organisation des Tables rondes
• Chacun des intervenants de la première table ronde fera part, sous la coordination de Marc Maudinet, de son angle d’approche et d’ouverture quant au thème suggéré.
• A l’issue du tour de table (5 minutes par intervenant), les intervenants de la seconde table ronde auront tout loisir de susciter, par leurs questions et réactions à ce qui aura été évoqué, une première partie de débat avec leurs collègues de la première table ronde.
• Simultanément, les participants parmi le public, à partir des fiches qui leur ont été remises feront part de leurs questions et contributions, lesquelles seront transmises à Serge Ebersold, qui en effectuera sur-le-champ une première analyse et la synthèse, et en fera part à l’ensemble des participants, dès qu’il le jugera opportun, afin que la seconde partie du débat s’instaure.
• Dans le même temps, Bachir Kerroumi et moi-même, nous recueillerons les interventions transmises par les internautes sur le web que nous restituerons dans le sens des débats.
• A l’issue du temps imparti à la première table ronde (1 h 55), Fredric Schroeder aura tout loisir de réagir à ce qui viendra d’être débattu, en analysant les divers éléments en présence, à la lumière de la politique en la matière aux États-Unis (20 minutes) ; lui-même répondant, le cas échéant, à tout questionnement de la part de l’ensemble des participants.Il en sera de même quant à l’organisation des débats autour de la seconde table ronde.Avant de conclure ici mon propos introductif de présentation de notre colloque, et avant l’ouverture officielle de celui-ci, je me risquerai à une métaphore que je reconnais volontiers être quelque peu hardie. Désormais, conceptuellement, la problématique de toute personne en situation de handicap est, par analogie, semblable à celle qui a lié la physique quantique à la physique dite objective voici très exactement, et au jour près, un siècle. Ainsi, telle la physique quantique, l’analyse de la problématique de la personne en situation de handicap ne saurait plus désormais procéder d’une représentation descriptive, terme à terme et fait à fait du réel, mais exclusivement de celle des phénomènes d’interactivité entre l’ensemble des dimensions qui la constituent et dont elle participe, et le monde.Elle ne saurait être essentiellement que l’abandon de toute description par une succession d’images simples concernant la représentation des éléments qui la constituent et sont censés figurer le réel. Elle ne saurait pas davantage permettre une appréhension exacte du réel, rendue de fait impossible en dehors même de cette approche interactive non quantifiable, non conceptualisable une fois pour toutes, en un mot non réductrice.Elle ne saurait donc que favoriser sans cesse la déconstruction conceptuelle de cette problématique et l’ouverture permanente vers de nouvelles élaborations conceptuelles, auxquelles nous tenterons aujourd’hui ensemble de contribuer.
En paraphrasant Max Planck, inventeur de la physique quantique, je dirai : “ Si vous avez compris ce que je viens de dire, c’est que je n’ai pas été clair ! ” En effet, si ce processus de révolution conceptuelle est désormais celui auquel nous nous devons les uns les autres de contribuer, personnes en situation de handicap ou pas, essentiellement voués à la qualité de vie de tous et de chacun, il va sans dire que son émergente naissance ne nous permet pas à ce jour d’en préciser les contours et a fortiori d’étayer notre compréhension autrement que, dans un premier temps, par le déséquilibre de nos convictions et le renforcement de nos incertitudes. Précisons encore ici concernant la physique quantique, et la dimension analogique hardie que nous souhaitons introduire, que sans la mise en œuvre d’un processus interactif de l’ensemble des éléments environnementaux prônant la déconstruction des facteurs conceptuels en cours alors, le rayon laser, par exemple, pas plus que l’électronique ou bien encore l’informatique n’existeraient. Cette révolution qui s’est ainsi opérée concernant la physique concerne tout autant selon moi — et par analogie, celle qui se doit d’être conceptualisée et tout simplement pensée et vécue — reste à définir, écrire et agir quant au sens de l’existence humaine qui concerne tous et chacun, et en un mot l’Humanité. L’univers humain ne saurait se concevoir sans la dimension ontologique qui engendre inéluctablement la pleine et entière existence de l’autre dans la sienne propre.
Cette dimension seule est habilitée à signifier le passage de l’individu à la personne, handicapée ou pas, citoyenne en tout cas.
Ouverture du Colloque
J’ai maintenant le grand honneur de donner la parole à Mme Dominique Gillot, secrétaire d’État à la Santé et aux Personnes handicapées qui va ouvrir notre colloque, et à Mme Michèle Valladon, conseillère régionale, chargée de la mission Handicap, sans laquelle ce colloque n’aurait pas été tout à fait ce qu’il sera ; ainsi qu’au professeur Pierre Cornillot, directeur de l’IUP Ville et Santé qui nous a assidûment témoigné son soutien.Je tiens à saluer la présence parmi nous de Mme Francine Bavay, vice-présidente du conseil régional, chargée des Solidarités, de l’Action sociale et de la Santé, ainsi que celle de M. Patrick Segal, délégué interministériel aux personnes handicapées, qui nous feront par ailleurs l’honneur de clore notre colloque. Sans oublier de remercier M. Fredric Schroeder, qui nous fait l’amitié et l’honneur de participer à notre colloque, ainsi que l’ambassade des États-Unis qui nous a permis de l’accueillir. Nous accueillons également très chaleureusement les trois représentants du mouvement “Personne d’abord de Belgique” : Mme Corinne Servais-Masseaux, M. Ghislain Servais et Mme Marie-Claude Pasquier.
Enfin, je tiens à dire que nous devons tout particulièrement à M. Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d’Ile-de-France, d’avoir pu mener à bien l’organisation de notre colloque par son soutien sans faille. Malgré son absence aujourd’hui, qu’il déplore tout autant que nous tous, il est des plus présents parmi nous. Je tiens aussi à rendre hommage à Henri-Jacques Stiker qui regrette de n’être pas des nôtres, en faisant mien ses propos :
“ Il est inscrit dans l’univers humain d’estimer la différence qu’il engendre, et qui le produit tout aussi bien. Ce n’est qu’à ce prix, que nous serons en mesure d’affirmer qu’il ne s’agit pour personne de convaincre personne d’être comme soi et de ne contraindre personne à se conformer à un modèle, en admettant le réel qui engendre la différence et le singulier. ”